La casemate d'artillerie Uffheim-Nord-Est en 1940 (deux pièces de 75 mm modèle 1897/1933, portée 12000 mètres). |
La Ligne Maginot, ce formidable rempart fortifié des frontières du Nord, de l'Est et du Sud-Est, est édifiée à partir de 1930. Le ministre de la Guerre André Maginot lui a légué son nom. En Alsace, six grands secteurs fortifiés (les S.F. des Vosges, de Haguenau, du Bas-Rhin, de Colmar, de Mulhouse et d'Altkirch) voient le jour avec de grands ouvrages d'artillerie dans le nord, une double ligne de casemates sur le Rhin et... rien dans le sud, face à l'Allemagne et à la Suisse jusqu'en 1935.
Les états-majors n'excluant toutefois pas une violation de la neutralité suisse, la décision est prise en 1934 de réaliser une "bretelle" d'une trentaine de kilomètres partant du Rhin à Kembs et atteignant la frontière franco-suisse dans le Jura alsacien. Ainsi nait le Secteur fortifié d'Altkirch.
De grands ouvrages d'artillerie et d'infanterie y sont prévus mais, faute de crédits, ils seront remplacés finalement par une ligne de casemates entre la forêt de la Hardt et le Jura sundgauvien. Leur réalisation se fera progressivement de 1936 à 1940 et certaines d'entre elles ne seront pas totalement terminées au moment de l'offensive allemande de mai 1940.
Le Secteur fortifié d'Altkirch sera constitué à ce moment-là de 32 casemates d'infanterie, de 7 casemates d'artillerie et d'une multitude de petits ouvrages dans les intervalles, blockhaus de tous types, observatoires, abris, etc.
La bretelle du Sundgau s'étendra du nord au sud sur les communes de Sierentz, Uffheim, Stetten, Helfrantzkirch, Ranspach-le-Haut, Knoeringue, Muespach-le-Haut, Bettlach, Oltingue et Raedersdorf. En 1939-1940 un petit prolongement fortifié sera entamé sur le massif du Glaserberg, face à la frontière suisse entre Kiffis, Winkel et Lucelle mais restera inachevé.
Enfin, toujours en 1939-1940, des centaines de blockhaus seront coulés par la troupe dans le quadrilatère des Trois Frontières, entre une ligne Kembs - Sierentz au nord et le secteur frontalier Huningue - Saint-Louis - Hésingue au sud, en passant par Blotzheim et Bartenheim, ainsi que dans la forêt de la Hardt.
La casemate de l'Aschenbach à Uffheim est l'une des 32 casemates d'infanterie de la ligne principale
de résistance. Le ban de la commune possède d'ailleurs trois autres ouvrages de la série, la casemate du Haselberg et deux casemates
d'artillerie, Uffheim-Nord-Ouest et Uffheim-Nord-Est ainsi que plusieurs ouvrages plus petits.
Construite à partir de 1938, la casemate de l'Aschenbach n'était pas totalement achevée en 1940 mais possédait son armement et était occupée par son équipage, une vingtaine d'hommes. Replié sur les Vosges en juin 1940, celui-ci n'a pas eu à combattre sur les lieux. Abandonnée à son sort après l'armistice, la casemate a bien entendu été progressivement pillée d'abord par l'occupant allemand puis par tous les visiteurs et amateurs de souvenirs de l'après-guerre...
Bien que l'armée s'en désintéresse totalement, la casemate de l'Aschenbach reste militaire jusqu'en 1970. Finalement la commune d'Uffheim en fait l'acquisition à cette époque avec celle des autres ouvrages fortifiés situés sur son ban. La casemate reste cependant ouverte à tous les vents et se transforme peu à peu en dépotoir et les alentours en jungle.
En 1990 toutefois, un petit groupe de passionnés du patrimoine local décide de tirer l'ouvrage de l'oubli et de lui rendre son éclat. D'importants travaux de réhabilitation de l'ouvrage et du site sont entrepris et, en 1993, intégralement restaurés au terme d'efforts matériels et humains considérables, la casemate et son environnement accueillent leurs premiers visiteurs.
A ce jour, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs ont déjà parcouru le site et visité la casemate de l'Aschenbach, sans compter les milliers de promeneurs qui fréquentent les lieux en dehors des journées d'ouverture.
Le mémorial d'Uffheim est aujourd'hui le seul site consacré en Haute-Alsace à la Ligne Maginot et à la fortification française des années 1930.